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Conséquences ou punition?

punition ou conséquence?

Chez les Bergeron, la règle est très claire et même affichée sur un grand carton au mur : « Pas d’ordinateur, ni de tablette, ni de jeux vidéo les matins de semaine ». Or, mardi matin, quand madame Bergeron arrive au salon, ses trois garçons sont penchés au-dessus de la tablette du plus vieux. Elle les gronde et ramasse la tablette avant de les envoyer s’habiller. Au bout de quelques minutes, le père les surprend à se chamailler dans la chambre du plus jeune. Il répète une fois, deux fois, hausse le ton, répète une troisième puis une quatrième fois, finit par se mettre en colère et empoigne l’un des garçons pour l’envoyer s’habiller dans sa chambre pendant que celui-ci hurle, sourire en coin : « AÏE! TU ME FAIS MAAAAAL! ». Quand vient le moment de partir pour l’école, il faut encore répéter et hausser le ton pour que les enfants enfilent leurs habits de neige. Mais le plus jeune manque à l’appel. Papa et maman le cherchent pendant plus de cinq minutes avant de le trouver dans la salle de bain du sous-sol, porte verrouillée… avec la tablette!

Ça vous dit quelque chose?

L'enfant qui nargue

Ce n’est que vers l’adolescence que la plupart des enfants commencent à agir par principe, à avoir le sens des valeurs et à tenter d’éviter de décevoir les autres. D’ici là, ils sont généralement peu empathiques. Le fait que vous soyez fatigué de répéter, en colère ou déçu de leur désobéissance les affecte bien peu. N’ayez crainte, ils ne sont pas égoïstes pour autant. C’est simplement que les zones du cerveau leur permettant de se mettre à la place des autres ne sont pas encore complètement formées. Et, d’ici à ce que leur cerveau permette une meilleure collaboration, ils agissent bien souvent par recherche de plaisir et ne freinent leurs élans que lorsqu’ils craignent les conséquences désagréables. Les discours n’auront probablement aucun effet. Il vous faudra donc cesser de répéter et de les sermonner et plutôt agir. Pourquoi les garçons des Bergeron respecteraient-ils les règles et les consignes de leurs parents s’il ne se passe pas grand chose lorsqu’ils désobéissent? Comment être conséquent sans tomber dans l’autoritarisme?

Agir sans sévir

agir sans sévir

Agir ne signifie pas forcément punir. Prendre l’enfant par la main pour l’amener à exécuter la tâche
demandée, l’installer à un jeu plus calme s’il est trop excité, le descendre du divan quand il y saute ou l’éloigner d’une source de danger sont des façons efficaces d’agir plutôt que de répéter.
Il est aussi possible de formuler des directives «conditionnelles » telles que :

« Tu pourras écouter ton émission lorsque tu auras terminé de ranger tes blocs. »

« Après ton bain, tu pourras jouer avec ton camion. »

« Tu pourras aller dehors avec tes amis lorsque tu auras fini de manger. »

(À distinguer des formulations négatives comme : « Si tu ne manges pas, tu n’iras pas dehors! »)

Encore faut-il être prêt à les appliquer; il faut lui refuser l’accès à la porte tant qu’il n’a pas fini, refermer la télé s’il l’ouvre, etc. Si ces techniques ne fonctionnent pas, c’est que l’enfant s’oppose, teste la limite.  Il veut voir si vous allez tenir bon ou s’il peut gagner. Il est temps d’être conséquent.

Quelle différence entre conséquence et punition?

Généralement, les punitions n’ont pas de lien évident avec le comportement ou la situation. Elles ont pour objectif principal de faire vivre un déplaisir à l’enfant de sorte qu’il n’ait pas envie de reproduire le comportement indésirable par crainte d’être puni à nouveau. Envoyer l’enfant au coin, lui donner une tape ou le priver de quelque chose qu’il aime sont généralement des punitions. En somme, ça revient à dire : « Tu as eu un comportement qui me déplaît, alors je vais faire quelque chose qui te déplaît fortement afin que tu ne recommences pas. » On se rapproche de la vengeance, ne trouvez-vous pas? Dans certains cas, on veut également que l’enfant « paye » pour avoir désobéi et, bien souvent, les punitions sont données par l’adulte sous le coup de la colère. On applique alors une forme de discipline basée sur la peur : « J’obéis parce que j’ai peur des punitions. » Bien que largement utilisées dans plusieurs familles, garderies et milieux scolaires, l’utilisation régulière de mesures punitives a souvent pour effet de faire augmenter la colère et le désir d’opposition chez l’enfant. À la longue, la relation adulte/enfant peut dégénérer en guerre de pouvoir et l’enfant risque de se percevoir de plus en plus négativement. « Comment puis-je être une bonne personne si on me punit sans arrêt? »

Mesures punitives à éviter: 

  • Crier pour « saisir » l’enfant. Cette façon de faire stoppe généralement le comportement de l’enfant (du moins au début) mais génère stress et colère en plus de bousiller le climat familial.
  • Les gifles, les tapes, les coups, serrer le bras, tirer l’oreille ou toute forme de châtiment qui fait appel à la force de l’adulte ou qui risquent de faire mal à l’enfant. Ai-je vraiment besoin d’expliquer pourquoi? Si oui, je vous suggère la lecture de cet article: Non aux punitions physiques
  • Les insultes, le sarcasme ou les paroles blessantes: « J’en ai marre de toi! » « Tu ne comprends rien! » « Ha ! Et bien BRAVO! J’espère que tu es fier de toi! » On n’enseigne pas le respect en étant irrespectueux!

Les conséquences, pour leur part, sont le résultat logique d’un choix ou d’un comportement. Elles peuvent être positives, négatives ou plutôt neutres. Par exemple, si Antoine étudie bien, il est probable qu’il aura une meilleure note à son examen. Si Sophie ne range pas sa chambre pendant toute la semaine, le résultat sera qu’elle devra y mettre plus de temps samedi matin. Si ses copines l’attendent, elle risque de trouver cela très désagréable, mais si elle n’a rien de prévu et qu’elle choisit de mettre de la musique, il est possible que ça ne la dérange pas trop. Bien des parents me diront alors : « Mais la conséquence sera inefficace si elle ne lui déplaît pas! » Pas forcément. L’objectif derrière une conséquence n’est pas de frustrer l’enfant mais plutôt de lui enseigner à faire des choix et à les assumer. Par contre, si on veut voir une mauvaise habitude changer, il est possible que l’on doive augmenter le malaise. Par exemple, si madame Bergeron confisque la tablette de son fils tout en lui permettant de jouer avec sa Xbox, l’enfant ne vivra aucun inconvénient et ne verra pas l’intérêt de changer.
Une conséquence peut également avoir pour objectif de faire cesser une situation ou un comportement inadéquat. Par exemple, si Christophe est de très mauvaise humeur et empoisonne l’atmosphère, on pourra l’envoyer jouer seul dans sa chambre le temps qu’il retrouve sa bonne humeur.  Si elles sont appliquées avec une attitude respectueuse, avec indulgence et empathie, les conséquences sont souvent une bien meilleure alternative puisqu’elles envoient comme message à l’enfant : « Tu as le droit de commettre des erreurs, tu ne me déçois pas pour autant, mais tu dois en assumer le résultat. »

On peut classer les conséquences en 3 types :
1- Les mesures réparatrices : 
Lorsque l’on aide l’enfant à trouver des moyens concrets de réparer une erreur de sa part. Par exemple, s’excuser verbalement, écrire une lettre d’excuses à la personne offensée ou lui faire un dessin, rembourser ce qu’il a brisé ou perdu (avec ses sous ou devoir faire des travaux pour rembourser), faire une tâche ménagère, etc. Ces mesures ont l’avantage de responsabiliser l’enfant à travers des actions positives tout en lui permettant de préserver son estime personnelle. L’attitude de l’enfant doit toutefois dénoter de l’ouverture et un réel désir de réparer son erreur.
2- Les conséquences naturelles :
C’est ce qui arrivera probablement à l’enfant si vous laissez la vie suivre son cours sans intervenir (ni pour empêcher les conséquences de survenir, ni pour en amoindrir les effets.) Par exemple, si Julie mange tous ses bonbons en un soir, elle n’en aura plus alors que son frère pourra en manger pendant une semaine. Vous refuserez alors de lui en acheter d’autres et ne demanderez pas à son frère de partager les siens avec elle.
Les conséquences naturelles sont souvent très efficaces car elles obligent l’enfant à se responsabiliser face à ses propres décisions sans avoir la possibilité de se plaindre que ses parents sont trop sévères dans le choix des conséquences. Les enfants les plus fiers diront que ça ne les dérange pas, mais ils auront retenu la leçon à coup sûr.
ATTENTION! Les « Je te l’avais bien dit! » sont superflus… Ils ne font qu’augmenter la colère de l’enfant et nuisent à sa responsabilisation. Il serait sûrement plus avisé de choisir une phrase du type : « Ah! C’est dommage pour toi. Tu dois être déçu. Je suis certaine que la prochaine fois tu agiras autrement… »
3- Les conséquences logiques :

Puisque les conséquences naturelles sont parfois insuffisantes pour modifier un comportement, il nous faut agir. Les conséquences logiques sont alors les plus intéressantes puisqu’elles permettent généralement à l’enfant d’en comprendre le sens et se rapprochent davantage de la « vraie vie ».
Les conséquences logiques sont celles qui ont un lien évident avec le comportement de l’enfant. Habituellement, elles permettent à l’enfant de réparer son erreur, de prévenir une autre situation du même type ou de bien comprendre l’impact de ses actes.

Un mot sur le retrait

retrait coin

Selon moi, le retrait devrait davantage représenter une mesure permettant de favoriser le retour au calme ou l’arrêt d’agir qu’une mesure punitive. Il ne devrait pas viser à faire vivre un malaise important à l’enfant, mais plutôt lui permettre de se poser, de se calmer et de revenir à une attitude de collaboration. Par conséquent, le lieu de retrait devrait être agréable pour l’enfant. On peut également y laisser quelques objets ou petits jeux susceptibles d’aider l’enfant à se calmer (toutous, blocs Lego, livres, matériel pour dessiner). Il m’est arrivé de retirer un enfant dans sa salle de jeu afin qu’il retrouve sa bonne humeur! En ce sens, je ne suis pas très partisane du retrait au coin, dans l’escalier, sur une chaise ou un banc « de réflexion » puisque, généralement, ils sont humiliants pour l’enfant et génèrent chez-lui la colère et le ressentiment. De toute façon, ce qu’on tente d’entraîner l’enfant à faire c’est de se retirer lorsque ça ne va pas et de prendre soin de lui pour revenir à de meilleurs sentiments. Et personnellement, si j’ai besoin de me calmer lors d’une querelle avec mon copain, ce n’est pas en me plantant le nez dans un coin que je réussirai à me calmer et retrouver le goût de collaborer avec lui!

Quelques idées de conséquences

Être privé

  • De télé
  • De jeux vidéo
  • De sortie
  • D’histoires avant le coucher
  • De vélo
  • D’argent sur son allocation
  • D’une activité familiale

(Bien entendu, la « privation » doit avoir un lien avec la situation, sinon c’est une punition!)

Devoir faire une action de réparation :

  • S’excuser
  • Écrire une lettre ou faire un dessin
  • Rembourser (avec ses sous ou devoir faire des travaux pour rembourser)
  • Faire une tâche ménagère
  • Faire quelque chose d’agréable pour la personne qu’il a lésée  (ex : faire son lit durant une semaine)
  • Réparer ou remplacer ce qu’il a brisé.

Être restreint dans ses activités et dans son espace.

Par exemple:

  • Devoir rester dans la cuisine à dessiner pendant qu’on prépare le repas
  • Devoir manger à l’écart parce que son attitude est désagréable au repas
  • Devoir rester jouer dans la cour de la maison
  • Devoir aller jouer dehors pour dépenser son énergie
  • Se retirer avec un parent pour discuter
  • Ne plus avoir accès à une pièce, à la piscine ou à la télé
  • Devoir faire une tâche désagréable avant de pouvoir faire l’activité agréable
  • Devoir prendre son bain avant son émission
  • Devoir ranger sa chambre avant d’ouvrir la télé
  • Devoir ramasser la table avant de sortir avec ses amis,
  • Devoir s’excuser avant de pouvoir retourner à son jeu vidéo
  • Devoir terminer ses devoirs avant de pouvoir souper.

Quelques exemples de punitions et conséquences selon les situations

Maxime vole des bonbons au dépanneur

Conséquences naturelles :

  • Il se fait arrêter par les policiers.
  • Il se fait pincer par le propriétaire et il a honte de lui-même.
  • Il mange tous les bonbons en cachette et fait une indigestion.

Conséquences logiques :

  • Vous l’accompagnez au dépanneur pour qu’il avoue son larcin ; il est gêné et doit rembourser.
  • Pendant un certain temps, vous refusez qu’il aille au dépanneur ou vous refusez qu’il mange des bonbons.
  • Pour qu’il regagne votre confiance,  vous lui imposez qu’il joue dans la cour pendant quelques jours et ne puisse aller voir ses copains.
  • Vous l’obligez à écrire une lettre d’excuses au propriétaire.
  • Vous donnez à un autre enfant un de ses jouets préférés pour qu’il comprenne ce que l’on ressent lorsque l’on est privé de quelque chose qui nous appartient.

Punitions :

  • Vous l’envoyez une demi-heure dans sa chambre.
  • Vous le privez de télé.
  • Vous l’envoyez en retrait.

Julie fait exprès de faire fâcher son frère Mathis

Conséquences naturelles :

  • Son frère refuse de jouer avec elle ou refuse de lui prêter ses jouets (et vous l’appuyez).

Conséquences logiques :

  • Vous exigez que Julie reste dans la même pièce que vous pour mieux la surveiller et afin qu’elle soit loin de son frère.
  • Vous donnez un privilège à Mathis s’il a bien contrôlé sa colère et, bien sûr, Julie ne peut en profiter. Par exemple, Mathis peut louer un film mais Julie doit s’occuper dans une autre pièce pendant ce temps ; Mathis obtient les périodes de temps qui étaient normalement allouées à Julie pour jouer au jeu vidéo… (Attention toutefois, une utilisation abusive de ce type de mesures peut attiser la rivalité fraternelle.)
  • Vous envoyez Julie en retrait dans sa chambre car elle est désagréable avec l’entourage. De plus, elle devra s’excuser.
  • Vous exigez qu’elle se couche plus tôt car vous croyez qu’elle est fatiguée.

Punitions :

  • Vous confisquez son vélo.
  • Vous la privez de sortie.

Alexandre se relève plusieurs fois à l’heure du coucher

Conséquences naturelles :

  • Il sera fatigué le lendemain et vous refuserez qu’il manque l’école.

Conséquences logiques :

  • Vous exigez qu’il se couche plus tôt le lendemain pour reprendre le sommeil perdu.
  • Vous ne lui répondez plus et vous ignorez ses demandes parce que vous êtes fatigué.
  • Le lendemain, vous refusez qu’il aille jouer avec ses amis parce qu’il doit se reposer.
  • Vous confisquez les jouets avec lesquels il joue dans sa chambre au lieu de dormir.

Punitions :

  • Vous l’assoyez sur une chaise dans un coin jusqu’à ce qu’il soit disposé à se coucher.
  • Vous le privez de jeux vidéo le lendemain.

Corine rouspète souvent à l’heure du souper et refuse de manger ce qui est servi 
 Conséquences naturelles :

  • Vous la laissez sortir de table, mais vous refusez de lui donner autre chose à manger avant le prochain repas. Elle risque donc d’avoir faim.

Conséquences logiques :

  • Au prochain repas, vous lui servez à nouveau le repas qu’elle n’a pas mangé.
  • Elle devra débarrasser la table et faire la vaisselle pour se faire pardonner son impolitesse.
  • Vous enlevez son assiette sans un mot, jetez son contenu à la poubelle et ignorez Corine car personne n’a envie de discuter avec quelqu’un qui est désagréable.

Punitions :

  • Vous la privez de son émission préférée.

À l’heure des devoirs et leçons, Simon perd son temps, ne fait pas d’efforts et pleurniche

 Conséquences naturelles :

  • Vous refusez de l’aider. Il devra vivra avec les résultats.
  • Il perd son temps, alors la période des devoirs sera plus longue. Peut-être ne lui restera-t-il plus de temps pour jouer dehors ou manquera-t-il son émission préférée?
  • Vous écrirez une note à son professeur et il devra s’expliquer avec lui demain.

Conséquences logiques :

  • Vous êtes fatigué de son attitude et vous l’envoyez terminer ses devoirs, seul, dans sa chambre.
  • Vous lui faites reprendre le temps qu’il vous a fait perdre. Par exemple, il devra se coucher 15 minutes plus tôt qu’à l’habitude.

Punitions : 

  • Vous lui confisquez son vélo ou lui coupez l’accès à son ordinateur.

En terminant, rappelez-vous toutefois que ce n’est pas une conséquence ni une punition, aussi lourde soit-elle – et appliquée une fois sur dix et après douze avertissements – qui fera une différence. La rigueur et la constance du parent seront déterminantes dans la réussite. Par ailleurs, nous avons ici abordé le thème des conséquences, mais il existe plusieurs autres moyens de susciter la collaboration des enfants sans devoir sévir. Je vous suggère donc la lecture de mon livre Parent gros bon sens  pour découvrir d’autres façons d’encourager la collaboration des enfants. 

Vous cherchez justement des moyens simples et efficaces de sortir de la spirale négative des menaces et des punitions? La formation web suivante pourrait bien changer votre vie de famille pour toujours.

Au-delà des mesures punitives, comment susciter la collaboration des enfants par une approche bienveillante et respectueuse ?

La discipline