La communication parent éducatrice, essentielle, mais pas toujours facile…

Tout le monde s’entend pour dire que la communication entre les parents et les éducatrices du milieu de garde de l’enfant est fondamentale. Mais il n’est pas rare que quelques maladresses bloquent celle-ci et créent des tensions. Voici donc quelques pistes, tant du côté des éducatrices que du côté des parents,  afin d’établir un dialogue harmonieux.

Du côté des éducatrices…

Depuis quelques temps, Christophe vous semble plus agressif. Il pleurniche pour des riens, bouscule les amis, refuse de participer à certaines activités et, ce matin, il a même mordu Coralie qui en garde encore les marques.  Vous en aviez glissé quelques mots aux parents, mais ceux-ci vous semblent banaliser les actes de fiston, les mettant sur le compte du terrible two.  Cette fois ça suffit, les choses doivent changer! Mais comment aborder les difficultés de l’enfant et  susciter la collaboration des parents?

Les fameuses discussions sur le pas de la porte

Premièrement, il faut d’abord choisir le bon moment pour parler aux parents. Il est malheureusement fréquent qu’une éducatrice accumule pendant plusieurs semaines ses observations sur l’enfant pour finir par les refléter aux parents à la fin d’une journée particulièrement difficile. La discussion risque alors d’être empreinte d’émotivité et de réveiller les mécanismes de défenses du parent. Celui-ci pourra alors avoir le réflexe de banaliser la situation, de contre-attaquer en vous accusant de mal faire votre travail ou de rejeter la faute sur un autre enfant. Il convient donc plutôt de demander aux parents leurs disponibilités pour une petite rencontre afin de discuter du développement de leur enfant (et non des problèmes de comportements de celui-ci).

D’ailleurs, certains milieux de garde prévoient,  tous les 3 ou 6 mois,  une rencontre avec chacun des parents du service de garde afin de faire le point sur le vécu de leur enfant. Cette méthode, bien que contraignante, assure un suivi efficace du bambin et évite que seuls les parents d’enfants en difficulté ne soient convoqués pour des rencontres.

Préparer la rencontre

trois

Afin d’éviter d’ensevelir les parents sous une tonne de reproches ou une liste des comportements indésirables, il est préférable de faire un portrait global de l’enfant selon les 5 sphères de développement. Notez l’ensemble des comportements de l’enfant, ses forces et qualités et les comportements à améliorer. Il importe de décrire des comportements spécifiques et d’éviter  les jugements ou les qualificatifs négatifs. Ainsi, plutôt que de dire : « Il est agressif envers les amis et il est entêté. », il sera préférable de dire : «  Christophe fait parfois mal aux amis et refuse de participer à certaines activités. » Il peut s’avérer pertinent de laisser aux parents une copie écrite du portrait de l’enfant afin qu’ils puissent continuer leur réflexion à la maison.

Lors de la rencontre

Il convient d’abord de rassurer les parents sur l’objectif de la rencontre, c’est-à-dire ajuster les moyens d’action auprès de l’enfant afin qu’il grandisse bien. Ensuite, après avoir brossé un portrait complet de l’enfant et en prenant soin de ne pas culpabiliser les parents, il convient d’aller ensemble à la recherche de solutions. Ainsi, afin de susciter la collaboration du parent, vous pourriez dire : « Afin d’aider Christophe à développer une meilleure gestion de ses émotions, j’ai pensé que nous pourrions faire…. », « Présentement, quand les enfants refusent de faire un jeu, voici comment je procède, … qu’en pensez-vous? », « Pensez-vous que vous pourriez faire la même chose à la maison, ainsi ça pourrait donner une certaine continuité et serait rassurant pour Christophe. » Il serait bien évidemment mal venu d’émettre des hypothèses diagnostiques : « Je pense qu’il a un trouble d’opposition… », d’émettre des jugements ou de s’avancer trop loin sur les conseils aux parents : « Vous le gâtez trop, vous n’êtes pas assez sévère avec lui, vous devriez faire ceci ou cela.»

Au quotidien

Suite à cette rencontre, il sera important de maintenir la communication afin de faire un suivi des progrès de l’enfant. À cet effet, un cahier de communication peut s’avérer un excellent outil qui permettra aux parents d’avoir une idée de la journée de l’enfant sans multiplier les discussions en fin de journée. Attention, toutefois à ne pas y inscrire seulement la liste des écarts de conduite du petit mais plutôt un portrait global de sa journée. Il importe aussi d’aviser  les parents qu’il n’est pas opportun de donner des conséquences supplémentaires le soir ni même de revenir longuement sur les comportements indésirables. Par contre, valoriser les efforts de l’enfant reste essentiel afin de le motiver.   On pourra d’ailleurs glisser dans le cahier de communication un tableau de motivation qui permettra de faire le suivi des BONS COUPS de l’enfant et encouragera les parents à le valoriser pour ses efforts.

Somme toute, une communication régulière et respectueuse entre l’éducatrice et les parents ne devrait pas être perçue comme un surplus de tâche mais plutôt faire partie intégrante des objectifs de base du service de garde. Un dialogue régulier reste le meilleur gage d’une relation agréable et d’un suivi adéquat de l’enfant.

Du côté des parents…

Vendredi soir, après une dure semaine de travail, vous passez chercher Christophe à la garderie en songeant aux emplettes que vous devez faire avant la fin de semaine. Dès votre arrivée, son éducatrice vous déclare, d’un ton excédé, que ça ne va pas du tout avec Christophe depuis quelques semaines. L’enfant ne collabore pas pendant les activités, n’obéit pas aux consignes et fait mal aux copains. Aujourd’hui il aurait mordu férocement une amie et l’éducatrice craint la réaction des parents de celle-ci lorsqu’ils verront la trace de la dentition de Christophe sur le bras de leur fille. L’air désolée, l’éducatrice vous annonce que si les comportements de fiston ne s’améliorent pas rapidement, elle se verra dans l’obligation de résilier son contrat. Ouille!

L’éducatrice vous avait déjà fait part de quelques comportements indésirables, mais vous ne pensiez pas que la situation était à ce point critique. Que faire? Comment aider votre fils et avoir une influence sur ses comportements à la garderie? Impossible de le « réparer » au cours du week-end pour ramener, lundi, un mignon petit ange…Et surtout, comment composer avec cet horrible sentiment d’être perçu comme de mauvais parents?

Pas de panique!

Les éducatrices, comme nous tous, sont des humains et peuvent parfois réagir de façon excessive. Laissez la poussière retomber et demandez ensuite un  rendez-vous afin de regarder ensemble des moyens d’action qui pourront faciliter la gestion des comportements difficiles de votre enfant. De votre côté, faites un portrait réaliste de votre fils. Observez-vous aussi les mêmes comportements d’opposition et d’agressivité à la maison? Si oui, comment y réagissez-vous? Quelles sont les stratégies d’intervention efficaces à la maison? Que pourriez-vous suggérer à l’éducatrice de votre garçon et que devriez-vous travailler avec davantage de rigueur à la maison?

Lors de la rencontre, vous pourrez alors dresser ensemble un plan d’action complet comprenant plusieurs stratégies d’intervention afin de redresser la situation et qui sera appliqué dans les deux milieux. Une fois les stratégies d’intervention établies, de concert avec l’éducatrice de l’enfant, il demeure essentiel de poursuivre le travail d’équipe par une communication régulière.

La communication au quotidien

Que l’enfant éprouve ou non des difficultés comportementales, afin d’aider l’éducatrice à ajuster ses interventions, faites-lui part de tout événement important survenant dans la vie de l’enfant et susceptibles d’avoir un impact sur son humeur. Par exemple, il peut être pertinent de l’informer si votre couple traverse une période difficile, si l’on prépare un déménagement ou simplement si votre petit a mal dormi ou débuté sa journée sur le pied de guerre. On doit toutefois tenir compte des disponibilités restreintes de l’éducatrice et des besoins de présence du groupe et limiter la jasette du matin et du soir à l’essentiel.

De son côté, soit verbalement ou à l’aide d’un cahier de communication, l’éducatrice vous tiendra régulièrement au courant des activités du groupe, des besoins spécifiques et du comportement de votre bambin.  Lors du retour à la maison, n’hésitez pas à revenir avec l’enfant sur ses activités préférées et à le féliciter pour ses bons coups. S’il a le sentiment qu’il existe un lien étroit entre ses deux milieux de vie, il n’en sera que plus rassuré.

Toutefois, en cas d’écart de conduite de l’enfant dans la journée, il est rarement pertinent  d’ajouter des conséquences supplémentaires à la maison. L’éducatrice a déjà très probablement appliquées les sanctions nécessaires et il n’est pas efficace de maintenir le jeune enfant dans un climat négatif ou d’accorder trop d’attention aux comportements indésirables. Manifestez plutôt clairement et de façon très succincte votre mécontentement, puis exprimez vos attentes et votre confiance qu’il saura se reprendre le lendemain. Par exemple : « Hum. Jacinthe m’a dit que tu avais mordu Coralie. Je ne suis pas contente. La prochaine fois que tu te chicanes avec un ami, je veux que tu ailles voir Jacinthe, d’accord? »

Les enfants traversent tous différentes phases dans leur développement au cours desquelles certains comportements désagréables peuvent surgir. Il ne faut pas trop s’en inquiéter mais il convient tout de même d’y accorder une attention particulière afin de redresser la situation et de ne pas laisser de mauvaises habitudes s’installer. En ce sens, le travail d’équipe avec le milieu de garde s’avère essentiel afin de fournir à l’enfant une certaine stabilité dans l’encadrement.

Une formation et une conférence sur ce sujet sont offertes pour vos milieux de garde. Pour information: 418-988-3336